lundi 2 février 2009

Les Méditations Métaphysiques - Descartes

Notons tout d'abord que les Méditations métaphysiques suivent un cheminement de pensée très proche de celui du discours de la méthode mais avec un but très différent.

Le discours de la méthode à été publié pour la première fois en 1637. C'est un ouvrage en 6 parties, dont la première est une sorte de courte autobiographie destinée à révéler le caractère de l'auteur, la seconde contient les quatres lois de la méthode, le troisième constitués des maximes provisoires alors que l'auteur va douter de tout, la quatrième la mise en oeuvre du doute et le fameux "je pense donc je suis", puis réintroduit immédiatement l'idée de Dieu par une preuve ontologique (l'idée de perfection amène à la preuve de l'existence de Dieu car la non-existence serait une non-perfection. Dieu existant, il n'est pas un être maléfique et ne nous cache pas la vérité qui nous est donc accessible. Le cinquième partie est une exposition d'inspiration mécaniste du monde à partir de la matière, des corps inanimés aux corps animés qui doit venir dans un ouvrage qui resterait à publier. Elle contient la célèbre explication de la mécanique du coeur qui est fausse, puis de la différence entre homme et bêtes - la aussi une vision mécaniste. La sixième contient l'allusion à Gallilée et le pourquoi du renoncement à la publication de cet ouvrage - bien que selon Descartes constituant une nouvelle physique avec des avancées profondes - du fait surtout de la diversité des opinions qui attirerait inmanquablement querelle.

L'opinion de Bertrand Russell sur la dualité Métaphysique / Scientifique chez Descartes me semble très juste. La condamnation de Gallilée a du profondément le choquer, lui faisant perdre l'espoire que les deux pouvaient être réunies. Les méditations, qui datent de 1641, me semble, à cette aune une nouvelle tentative de réunir ces deux aspects de sa personalité. D'où sa dédication aux doyens et docteurs de la faculté de Théologie.

Meditations Métaphysiques

Première méditation: introduction immédiate du doute en prenant les précautions oratoire suffisantes. Les sciences exactes sont plus certaines que les sciences appliquées. Mais si un mauvais génie me faisait croire que ce qui n'est pas existe, comment pourrais le savoir?

Deuxième méditation: poursuite du doute sur ce que je suis. On passe le cap: Mais qu'est-ce donc que je suis? une chose qui pense. Qu'est-ce qu'une chose qui pense ? c'est une chose qui doute, qui entend, qui conçoit...
L'exemple de la cire, que les corps peuvent subir d'innombrable transformations, les corps ne sont pas connus par les sens mais par le seul entendement, il n'y a donc rien de plus simple que de connaître mon esprit (qui n'est pas composé).

Troisième méditation:
Je ne peux rien connaître d'autre si dieu est un dieu trompeur. Or Dieu est démontré par une version de la cause première (p.273) , puis une seconde preuve (p.280) qui ressemble beaucoup à celle du discours, puis une autre (la conservation nécessite autant de puissance que la création) p. 286

Médiatation quatrième:
dieu ne peut tromper car tromper est un défaut or dieu est sans défaut.
Mais l'erreur existe. Pourquoi Dieu aurait créé l'erreur ? parce que je suis limité, je ne suis pas unique. si j'étais unique, je serais parfait, mais je ne le suis pas. La faculté de concevoir est peu étendue (p. 299), de même que mémoire ou imagination. mais ma volonté et la liberté du franc arbitre est sans borne et semblable à celle de Dieu. La grâce divine augmente la liberté (p. 301) sur un argument assez faible. L'erreur vient du fait que ma volonté est plus ample que mon entendement et je l'étend aux choses que je n'entend pas.

Un dernier commentaire. La philosophie occidentale est occupée au rapport moi - le monde ou moi Dieu et une exploration de cette relation. La relecture de Fung Yu Lan me rappelle que les fondements de la philosophie orientale sont l'intégration du moi dans la société, moi et les autres. Deux pensées à ce sujet: d'une part ce manque dans la philosophie ne signifie pas un manque de mouvement dans la société: le succès des ordres Franciscains et Dominicains s'expliquent à mon avis bien plus par la possibilité de vivre ensemble que par les règles ou le prestige de leur fondateur. D'autre part, que la philosophie occidentale va totalement eclipser cette pensée jusqu'aux penseurs de l'altérité qui jugeront cette relation du moi et des autres comme négative: Marx et l'exploitation, Sartre et l'enfer c'est les autres.

L'élement majeur dans la pensée chinoise, c'est l'émergence du bouddhisme qui contraint une première synthèse réalisée sous les Han de confucius et de Lao Tze à une deuxième synthèse réalisée sous les Song (Néo-confucianisme).

Descartes doute de tout et donc de l'existence des autres en particuliers. Cela ne viendrait pas à l'esprit chinois car l'homme n'a de vie que sociale et donc avec les autres. Nier les autres, c'est nier sa propre vie.

Quand à la question je pense donc je suis, Zhuangzi a trouver la proposition indécidable.
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Il me reste à dire que l'allitération donne une résonnence extraordinaire à un titre qui sans cela paraitraît fade.