mercredi 10 juin 2009

Utopistes

Une petite phrase tirée de Bouvard et Pécuchet, le chef d'oeuvre de Flaubert: "Qu'il y ait chez les utopistes des choses ridicules, j'en conviens ; cependant il méritent notre amour. La hideur du monde les désolait, et, pour le rendre plus beau, ils on tout souffert. Rappelle-toi Morus décapité, Campanella mis sept fois à la torture, Buonarotti avec une chaîne autour du cou, Saint-Simon crevant de misère..."
Des quatre, Tommaso Campanella est le plus attachant. Religieux dont on dirait aujourd'hui qu'il est un peu illuminé, Campanella défendit ses convictions jusque dans la prison. Morus, qui fait évidemment référence à Thomas More, était un avocat et homme d'état compétent, fidèle à ses principes et mourrant pour un attachement à une question dont peut aurait été jusqu'au bout pour la défendre, il aussi accusé, comme dans ces portraits en mi-teinte, de persécution ou du moins de la laisser faire et également de torture bien qu'il s'en défende expressément. Philippe Buonarroti est de tous le plus engagé dans l'action et semble en même temps toujours à même de jouer les seconds rôles derrières des noms plus grands que lui: Robespierre, Babeuf, Bonaparte. Saint Simon apparaît presque inapproprié dans cette liste de penseurs ayant souffert. Certes, il meurt dans la pauvreté mais son nom, son origine et sa vie son loin d'avoir les échecs et les bas des trois autres.

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