lundi 6 juillet 2009

Junzi

A l’origine, junzi signifiait « gentilhomme, aristocrate », c’est à dire un membre héréditaire de l’élite sociale. Pour Confucius, au contraire, le junzi « honnête homme » est un membre de l’élite morale. On devient honnête homme par la pratique de la vertu et par l’éducation. [...] Comme seuls les « honnêtes gens » ont compétence pour gouverner, l’autorité politique ne peut être attribuée que sur la base de critères d’excellence morale et intellectuelle ; aussi, en théorie, ni la naissance ni la richesse ne sauraient assurer l’accès au pouvoir politique.

Cette conception devait avoir des conséquences révolutionnaires : elle porta un coup fatal au système féodal ; elle détruisit le pouvoir de la noblesse héréditaire, et assura les fondations du « gouvernement des lettrés ». Durant plus de deux mille ans, l’empire bureaucratique fut dirigé par l’élite intellectuelle. Pour accéder au pouvoir, il suffisait de présenter avec succès les examens de la carrière administrative, qui étaient ouverts à tous. Jusqu’à l’époque moderne, ceci fut certainement le système de gouvernement le plus ouvert, équitable, souple et efficace qu’ait connu l’histoire de l’humanité.

Simon Leys, L’ange et le cachalot, Paris, Seuil, 1998, p. 27.

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