mardi 7 juillet 2009

La charmeuse de serpents

Sur l’orteil, nichons de proue, publique, elle se cambre, à poils : diadème à ses pieds, se délovant au déclic de son geste, lascivement jaillissent vers les yeux d’aiguail les serpents tout à l’heure assoupis, et la fille aussitôt s’abandonne au brasier de spirales que la foule presse de rubis sous l’écaille, cependant que Satan, maître du cirque, renifle le festin en apprêts au fond de la crapule, car déjà les reptiles ont envahi la chair ciselée de flèches vives et vont consumer l’âme de l’idole qui se pâme, symbolique, en sa maligne apothéose de révolutions, un sifflet de vipère entre ses lèvres de cerise.

Saint-Pol-Roux, la charmeuse de serpents, Foire de Montmartre, 1890, in Mille et cent ans de poésie française, Robert Laffont, 1991.

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